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Les Bottes d’Inès

                             Galgos

Lévriers, Galgos, Podencos, chiens des réhalas, vous êtes entraînés par le gualguéros en Espagne. Vous devez courir, tuer et rapporter le lièvre pour cette chasse qui s’ouvre au début du mois d’octobre jusqu’au premier dimanche de février. Votre vie est misérable. La plupart du temps enfermés, affamés dans des hangars ou des cages, attachés tout près du sol. Vous ne vivez que quelques années. À la fin de la saison, certains de vos propriétaires se débarrassent de vous et vous procurent selon des traditions, une mort lente et cruelle qui consiste à vous pendre à des arbres ou à vous jeter dans des puits, à vous attacher à l’écart sans eau sans nourriture. Lévriers, galgos, podencos, chiens des réhalas, parfois, on vous croise errant dans les campagnes… votre souffrance est un scandale. Votre malheur est si ancré que trop souvent l’espoir ne vient plus dans votre regard. J’ai tenté d’écrire dans une histoire de malédiction, ce que vous subissez, ce crime peu commun… Vous seriez 50.000 à mourir chaque année. À chacun, je voudrais demander pardon, pour tout ce mal qui vous est fait depuis des siècles au nom des traditions en Espagne et ailleurs. Je voudrais aussi souligner la bravoure et la ténacité de toutes les personnes qui vous viennent en aide, ouvrent des refuges, recherchent des adoptants et s’organisent pour faire cesser votre martyr.

C’est arrivé au centre et au sud de l’Espagne, par vagues successives… Des gens se sont mis en route avec une détermination bien précise. On les a vus, monter les collines, descendre dans les plaines et longer le bord des rivières… Cette cohorte compte, à présent, 50 000 individus installés en ville, à la campagne et dans les villages. À quoi ça ressemble, d’envahir la région et de courir partout à la recherche d’un contact avec la population ? Est-ce encore un coup médiatique ou publicitaire du grand Cristobal ? Ce géant fort en gueule qui s’y connaît en tradition et qui dirige avec le même entrain sa mégalomanie, ses chasses, ses élevages de lévriers dans de vieux hangars et toutes sortes de commerces…

 Cette nuée de jeunes gens est arrivée en bus, en train, en voiture de toute l’Europe, parlant un espagnol approximatif et joyeux. De toutes allures, de toutes couleurs, ils se sont mêlés à la population et en moins de deux semaines chacun dans son quotidien a eu affaire à eux. Logeant tantôt chez l’habitant, tantôt en camping-car, ils s’intéressent à tout, paient sans discuter, et même, sans jamais demander un quelconque avantage. S’ils écoutent de la musique, ils ne semblent pas rassemblés pour un festival à venir… Cristobal, ça l’a d’abord fait rigoler qu’ils ne quémandent rien, et puis d’un coup, quand il a compris qu’ils venaient de toute l’Europe pour sauver les lévriers, ça lui a chauffé le sang. Ce grand leader a fait le tour de son fief en gueulant qu’il fallait traiter cette invasion de cinglés, exactement comme en Chine, dans les années soixante, on avait détruit les moineaux en faisant du bruit pour qu’ils ne puissent plus se poser, et que du ciel, ils tombent morts. Chacun de ses employés a donc reçu l’ordre d’épuiser ces nuisibles, de les faire décamper. Lui de son côté, s’est dit qu’il saurait bien trouver le moyen de museler ces illuminés. Et puis, il s’est calmé en pensant que dans le pays personne n’oserait témoigner.

Mais, c’est l’inverse qui s’est produit. Les riverains des hangars, les habitants des campagnes ont parlé. Est-ce la présence de ces drôles de zèbres qui a encouragé cette parole ? On peut le penser… Au fil des semaines, partout,  ces gars, ces filles montrent des photos de lévriers suppliciés, pendus ou jetés dans les puits et affirment que ce n’est pas bien avec une évidence désarmante… Ils parlent de sauvetage simplement, un peu comme on dirait qu’il y a une joie à faire le bien. Leur rhétorique est jolie. Ils parlent du côté de l’amour et de la vie comme on choisit la chance. Ils assurent aussi que les animaux connaissent l’enfer quand on les torture, et l’apaisement quand on les soigne… Voilà qu’autour de cette parole, les propos changent. Les visages mutiques se détendent. Alors, le Cristobal pâlit, et tous les gualguéros se gaussent moins des aristocratiques silhouettes des chiens qu’ils affament. On dirait même qu’ils s’attardent moins sur les marchés. Mais, alors, le prestige du grand Cristobal, son goût de la tradition, qu’est-ce que ça va devenir ? Maintenant que les autochtones se sont laissés approcher … que va-t — il se passer ?  Car les gens sont curieux. Ils regardent les installations, en effet, un peu partout les militants déballent sur des tables à tréteaux : des brochures, des autocollants, et puis des drôles de vêtements. Certains ont même été attirés par ce bazar, comme Inés sur le marché de son village…

  • Ola ! Qu’est-ce que c’est cette petite chose sur la table ? demande la curieuse.  
  • Il fait froid en ce moment, lui a répondu un homme en s’amusant du petit nuage produit par son souffle !
  • Oui, c’est glacial…
  • Le jaune jonquille est joli, vous le vendez ?
  • Pas vraiment, chacun donne s’il veut et ce que l’on recommande évidemment, c’est de le faire porter à ces oubliés de l’histoire…et d’en parler.
  • Qu’est-ce que c’est ?
  • Un manteau…
  • Pour ?
  •  Pour les pocemos et les galgos, souvent ils n’ont que la peau sur les os… C’est dur avec ce froid.
  • Ah vous pensez à eux, suivit un rire gêné, nous, on est habitué et puis on ne les voit pas beaucoup, vous savez… c’est grand la campagne…
  • Oui, ils sont invisibles, c’est même pour ça qu’on est là !
  • Non, je veux dire vous ne les verrez pas… parce qu’ils vivent dans des corrals ou des hangars.
  • Oui ! Parqués et attachés avec une espérance de vie de 3 à 5 ans…
  • J’ignorais qu’ils mourraient jeunes, ils ont souvent l’air si vieux…

Ce genre de dialogue se multiplie, de plus en plus de gens s’approchent des petits stands :

  •  Ce sont des cols roulés ? Des plastrons ?
  •  C’est surtout un tissu bien chaud.
  • Mais comment ça se porte ?
  • C’est pour isoler le dos.
  • De qui ?
  • Des galgos et on en a aussi des plus grands. Au fait, les galgos sont des canidés, mais bon, ils ont froid comme les chiens !

Certaines personnes gardent une résistance et demandent par exemple :

  • C’est un peu artisanal, tous ces objets, ce sont des bénévoles qui les font ?
  • Oui, c’est vraiment très utile ! répondent toutes ces belles personnes.

Les phrases se répètent donc et ne tombent jamais dans le vide, car ces jeunes rattrapent toutes les chutes. Alors, se créent des liens qui soutiennent des interrogations et les consciences s’éveillent à la vie et à l’évidence… Progressivement l’envie de  sauver ces animaux devient contagieuse.

Le temps passe. De marché en marché, la fin de la période de chasse arrive. Ce moment attendu chez les gualgueros, où certains choisissent de punir leurs galgos et leurs chiens qui, en ne courant pas assez vite ou moins bien que ceux d’un autre chasseur ou encore en ne portant pas la proie comme il convient, les ont humiliés. Dans la palette traditionnelle, il y a toutes sortes de tortures lentes. Rationnellement, cela fait aussi une gueule de moins à nourrir, même misérablement, même si on est riche.  C’est une réalité qui se tient difficilement dans les esprits. Dans le centre et le sud de l’Espagne, ça se relègue dans l’arrière-boutique de chaque tête. Personne n’a envie d’être aux contacts avec ces histoires. Les suiveurs et les chasseurs font peur et font croire qu’ils sont intouchables. Qui pourrait avoir le culot de combattre des traditions dont certaines remontent au seizième siècle ? Cristobal vous parle de ça sans broncher, en attachant des animaux squelettiques à l’arrière de son automobile, afin de sélectionner ceux qui n’arrivent pas à   courir assez vite et qui mourront. Il faut dire qu’il instruit avec prestance. Et puis, il a encore un soutien… malgré sa présence tranquille et évidente, la presse locale ne révèle pas, non plus, la puissance de cette vague de militants, encore moins leur nombre, même approximatif. Ces sauveurs lorsqu’on le leur demande, répondent à l’unisson qu’ils sont cinquante mille, exactement comme ces martyrs chaque année.

Inés la trentaine engagée, les a bien remarqués… elle était une des premières, à les écouter… Leur parole a tout de suite suscité son intérêt.

La vie est rude pour tous. Depuis quelques années, elle  travaille certains jours chez le conquistador, elle s’occupe de beaucoup de choses et jusque là, pour ne pas s’effrayer, n’a pas trop cherché à savoir ce qu’il fait de tous ses objets.

Voilà qu’une fin d’après-midi, Blanca, la toute jeune épouse neurasthénique de ce grand chef, lui demande de porter à réparer une des paires de bottes de chasses, dans un village voisin. Ce sont des pièces rares à tiges hautes doublées en cuir, qu’il chausse par temps froid quand il poste pour le gros gibier. Madame n’a ni la force ni l’envie de faire la route, et dédaigne tout ce qui a trait à la chasse. Notre Inés accepte, elle aime sortir de cette immense maison et les déplacements en deux-roues, elle adore. Elle démarre à fond avec ses longs cheveux volant autour de son casque. En chemin, à un passage à niveau, elle arrive juste au moment où le train disparaît. Au moment de repartir, ce qu’elle voit la terrifie. Par réflexe, elle détourne le regard. Puis… chancelante elle parvient à descendre de son scooter pour s’approcher lentement de ce qui gît par terre : un lévrier presque coupé en deux. Il est mort, mais sa tête  bouge encore, attachée sur la voie ferrée avec une corde. Pauvre galgo ! Comme il a dû avoir peur, comme il a dû souffrir ! On ne peut plus rien pour lui… Inés se liquéfie, gémit, se tord les mains, s’agite… Elle défait son casque, laisse flotter au vent sa chevelure, les pans de son manteau, et fume plusieurs cigarettes. La maigreur du chien rend l’amas de son corps comme un assemblage de lignes brisées, sans chair. Saisie par un mouvement de révolte, elle va couper la corde, libérant ainsi la dépouille du rail, puis court chercher dans son coffre la boîte de bottes. Elle les enlève de leur carton pour y déposer délicatement le pauvre animal encore chaud et lui donne une caresse, la seule peut-être qu’il aura reçu. Malgré le vent, elle parvient à fumer quelques cigarettes écœurantes, puis repart avec l’idée de l’enterrer dès qu’elle trouvera un endroit… son scooter est bien pesant, son cœur aussi. Des sentiments de honte se mêlent à ce chagrin et à cette colère : pourquoi ces supplices ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire de tradition ? Progressivement, une autre question surgit. Que faire du morceau de corde qui maintenait l’animal attaché sur la voie pour que le train l’écrase ? Elle ne s’imagine pas l’enterrer avec… et roule de plus en plus vite… Passant devant un bouquet d’arbres, elle réussit tout de même à ralentir. Le vent est tombé, on voit la plaine… Ce sera ici. Elle sort la boîte du coffre de son scooter et remarque qu’elle ressent cette inquiétante impression qui vous envahit parfois à l’annonce d’un changement… Mettre ce malheur, en terre… rien à faire, elle n’a pas la force, elle ne pourra pas se séparer du cadavre de cette pauvre bête… et se sent obligée de repartir. Sur la route sinueuse, il lui semble qu’elle va un peu trop plus vite, comme si… on la poussait dans le dos. Elle a même du mal à s’arrêter à nouveau, cette fois bien décidée à enterrer le corps, au pied d’un autre bosquet. Elle pleure. Ayant creusé un carré de terre suffisamment grand, au moment de la déposer, dans le besoin de faire une ultime caresse à ce pauvre animal, elle entrouvre cette boîte. C’est alors qu’à la place du cadavre, elle croit voir un objet qui ressemble à une pierre plate représentant un galgo avec la tête baissée, une image simple où des yeux tristes implorent. Cette vision la fait hurler. Elle referme précipitamment cette boîte, puis, se dit qu’elle va renoncer à tout, rentrer chez elle, plus envie de fumer, de rouler, ni tout ça. Elle se demande si elle devient folle…

Pourtant, le soir dans sa maison, elle soulève à nouveau le couvercle pour y découvrir, avec stupéfaction, encore autre chose… Cette fois… elle voit un collier rouge de lévrier. Elle ose le saisir avant de fermer cette urne qu’elle porte solennellement dans la cheminée. Une odeur d’enfer lui fait quitter la pièce, elle s’interroge en pleurant :   Comment comprendre ce qui a pu se passer ?

Ce collier paraît neuf. Aurait-il été moins étrange s’il avait été usagé ? L’aurait-il laissée moins seule ? La marque d’un corps portant à sa manière l’effort de ses jours et de ses avancées n’aurait pourtant été pas été moins scandaleuse. L’absence du cadavre est une énigme. Cet objet de remplacement aussi. Mais ce qui est bizarre ne doit pas faire oublier l’essentiel. S’il y a une vérité, on doit avoir le courage de l’exposer par sa propre conduite. Elle se demande comment dénoncer ce scandale.  Ce martyr des lévriers est une monstruosité ! Ce ne doit plus être un secret. Ils ont raison tous ces militants. Il faut les aider ! Je vais  porter ce pauvre collier et  j’irai les rejoindre. Cette idée  la calme mais elle continue de pleurer… Le lendemain, à son réveil, à son bras, le collier est devenu un bracelet. Le devoir de le porter et d’exposer sa cause est maintenant une évidence.

Après  cet évènement, dès qu’elle le peut, elle se rend dans le grand café de la petite ville. C’est le premier commerce qu’a tenu le grand Cristobal, il y est souvent, et impose habituellement à son  épouse de rester assise, posée, près de la caisse. Mais il n’a pas l’air d’être là. Elle s’installe au bar, commande un verre et cherche du regard si elle ne voit pas un des militants. La main posée sur son bracelet rouge à la valeur inestimable, elle songe et s’impatiente. Dès que Miguel le serveur s’approche, elle lui demande :

  • Vous les avez vus ce matin ?
  • Les militants ? pas encore, ils vont venir ici pour…
  • Pour ?
  • Qu’est-ce que tu bois, un autre jus ?
  • Je veux bien en attendant…

L’établissement est la marque de réussite du grand Cristobal, c’est aussi le seul bar du village. Tout le monde y vient. Tout y est vaste avec des pampilles et puis des miroirs pour se voir à l’infini. Soudain,  elle repère dans cette galerie des Glaces, des piles de grandes boîtes posées sur un tapis. Son air surpris amuse le garçon qui lui lance :

  • Ce n’est pas courant du matériel comme ça dans la région  !
  • Qu’est-ce que c’est ?
  • Des couvertures, de la nourriture, c’est l’apprenti qui a organisé la collecte. C’est pour soigner les bêtes qui sont récupérèes… Beaucoup viennent du corral du boss et sont sérieusement amochées. Ce n’est pas beau à voir. Le vétérinaire va même passer prendre ce qu’il lui faut ! S’il voyait ça le chef, il serait fou !
  • Le patron n’est pas là ?
  • Tu n’es pas au courant ?
  • De quoi ?
  • …qu’il est devenu complètement zinzin… pardon, il ne faut pas que je crie … sa femme est là. Mais, elle, maintenant elle peut nous parler et c’est elle qui a donné les informations pour que les gens aillent sortir les lévriers…
  • Ils vont être sauvés ?
  • On se démène pour ça…
  • Formidable ! et le Cristobal ? il ne va pas empêcher les choses ?
  • La semaine dernière, il est revenu d’une sortie hurlant, tremblant de peur et répétant qu’à un passage à niveau, il avait vu un monstre sans visage avec des tentacules, qui jetait partout des bottes… et depuis, il ne se comprend plus lui-même…
  • Ah… les bottes je les ai complètement oubliées ! se dit Inés.

À y réfléchir, elle pense qu’effectivement le grand Cristobal aurait pu l’observer. Oui, quelque chose comme ça : il avait attaché l’animal, s’était mis à l’écart pour profiter de son crime et entre-temps, elle est arrivée, a emmené le pauvre corps et a laissé les bottes, elle laisse échapper :

  •  C’est pour lui la possession démoniaque ! C’est bien à son tour d’être terrifié… C’est moi le monstre… mon casque, mes cheveux, je lui aurais fait peur ?
  • Qu’est-ce que tu dis, Inés ?
  • Je réfléchis…

Autour d’eux, on s’affaire. L’ambiance est naturellement solidaire.

  • Miguel crie un employé à un autre, comment on va dire au Patron….
  • Je te dis que le chef ne parle plus ! Faut pas aller le chercher, il jette des pierres comme un tout petit enfant ! … demande à la patronne si tu as besoin de quelque chose …
  • Ah ! Comment on s’organise pour prévenir les associations ?, demande  Blanca qui se trouve là, en effet et qui semble disposée à tout entendre sereinement…

Inés sourit et saluant Blanca qui se déplace pleine d’énergie, lui dit :

                         – Dites à votre mari, madame, qu’il a raison d’avoir peur du monstre …Il m’est arrivé une histoire bizarre aussi !

  • Ah vous êtes au courant…
  •  Oui c’est vrai ! Je crois qu’il y a dans la campagne un monstre qui pourchasse les chasseurs ! il faut être prudent.
  • Sûrement ! s’exclame Blanca qui ajoute : maintenant Inés avec tout ce changement : qu’est ce que vous allez faire ?
  • Moi, c’est décidé, je vais  aller sur les marchés pour fabriquer et vendre des objets comme mon bracelet… C’est fantastique la venue de ces gens ! Ça change l’atmosphère. J’ai envie de m’occuper des galgos, des podencos, j’aime les chats, les chiens alors… On dit que les lévriers ont la grâce des deux. Je veillerai sur eux.
  • A vous aussi Inés je souhaite bonne chance !  

Mais au moment où elle se dirige vers la  sortie du bar, voilà la patronne qui lui fait signe que quelque chose remue derrière les plantes dans la jardinière. Par prudence, chacun s’immobilise, seule la femme du conquistador se déplace sur la pointe des pieds. Dans l’opulence végétale, on discerne les bottes en plastique vertes, un cul, un bout de dos et le haut de la plume du chapeau. Le reste est dissimulé par les feuilles. Plus rien ne bouge.

  • On vous voit ! dit-elle
  • … otte
  • On vous voit Cristobal ! Discutons entre adultes s’il vous plaît… 

Suit un grognement d’abord puis :

  • hi peur… otte…
  • Il faut faire des phrases avec un début, au moins un début !
  • otte
  • On ne comprend pas…
  • hi

Chacun voit la verdure s’agiter puis le nez de ce fort en gueule émerger d’entre les feuilles. Sa présence, même partielle, ne peut que faire peur, ces colères sont terribles et chacun les craint. Tout doucement, on le voit aplatir d’une main molle une branche qui dégage son visage réjoui, comme celui d’un bébé après un bon jeu de cache-cache… personne n’ose s’approcher, sauf Blanca… car on dirait qu’il a quelque chose dans l’autre main derrière son dos…

  •  Mais vous en avez une jolie plume à votre chapeau ! C’est de la bécasse ? Roucoule-t – elle en minaudant pour l’apaiser.

Au bout du compliment, il rit parce que c’est drôle d’entendre prononcer ce mot, bécasse, quand on est entouré de femmes. C’est une blague qui l’a toujours mis de bonne humeur. Il s’est rassis. La sienne chuchote maintenant à l’adresse de tout le personnel : 

– Comme si de rien n’était… faites ce que vous avez à faire. N’ayez pas peur, ce qu’il tient je le vois bien, c’est un faux fusil, il n’y a plus rien à craindre… Ça fait même drôle de ne plus avoir peur de lui…

Tout le monde recommence à circuler. Elle-même prend un café près d’une baie vitrée et sourit à la vue d’un groupe de très beaux gars avec des cheveux qui brillent au soleil…

– Voulez-vous qu’on vous ramène ensuite, Madame ? Lui propose un des serveurs.

– Ensuite de quoi ? se trouble — t — elle, un peu rosie et gênée.

– Et bien du vétérinaire, il pourrait regarder votre mari. Là… ça va, il s’est recouché derrière la plante, mais… mais…

– Ne vous en faites pas… Depuis qu’il a été  foudroyé par la peur, il est totalement inoffensif … J’en ai fait l’expérience croyez-moi, et puis ses parents ont proposé de venir le chercher tout à l’heure. Il ne fera plus de mal à personne.

Au même moment, un petit groupe de militants déboule dans l’établissement et interpelle  :

  • On passe pour les clefs du  dernier hangar,  celui des chiots, quelqu’un sait quelque chose ?
  • Ça y est ! Je les ai trouvées ! clame madame triomphante !
  • Formidable !  vous venez  avec nous pour les sauver ?
  • Oui, oui les couvertures sont prêtes ! On y va …

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