The Electric State est l’un des projets les plus ambitieux de Netflix, une production qui se démarque par son budget colossal et son univers visuellement saisissant. Réalisé par Anthony et Joe Russo, connus pour leurs films à succès dans l’univers Marvel, le film plonge les spectateurs dans une Amérique dystopique où la technologie a laissé derrière elle un monde à la fois fascinant et inquiétant.
L’histoire suit Michelle, une adolescente orpheline incarnée par Millie Bobby Brown, qui traverse un pays dévasté en compagnie d’un mystérieux robot. Sa quête la mène à rechercher son frère disparu, tout en naviguant dans une société en ruine où les vestiges d’un passé glorieux cohabitent avec une technologie obsolète. Accompagnée par Keats, un contrebandier interprété par Chris Pratt, elle découvre peu à peu les secrets qui entourent ce monde en déclin.
L’adaptation du roman illustré de Simon Stålenhag promettait une immersion totale dans une réalité parallèle imprégnée d’une esthétique unique. Les visuels impressionnants du livre se devaient d’être fidèlement retranscrits à l’écran, et pour cela, les frères Russo ont misé sur des décors physiques élaborés et des effets spéciaux sophistiqués. Avec plus de 100 décors construits spécialement pour le tournage, dont un parc d’attractions reconstitué, le film se voulait un véritable spectacle cinématographique.
Malgré un casting prestigieux composé de Stanley Tucci, Giancarlo Esposito, Ke Huy Quan et Jason Alexander, l’accueil du film a été pour le moins mitigé. Dès sa sortie, les critiques se sont multipliées, pointant du doigt une narration qui peine à captiver et une exécution qui manque de relief. Sur Rotten Tomatoes, le film affiche un taux d’approbation de seulement 14 %, tandis que Metacritic lui attribue un score de 30 sur 100.
Les principaux reproches faits au film concernent une intrigue jugée peu inspirée, où les enjeux ne parviennent pas à captiver le spectateur sur la durée. La mise en scène, bien que visuellement travaillée, semble dépourvue de la tension dramatique nécessaire pour maintenir un véritable intérêt. Les scènes d’action, loin de dynamiser le récit, apparaissent souvent répétitives, sans réel impact sur l’histoire principale.
La production de The Electric State illustre parfaitement les défis auxquels sont confrontées les plateformes de streaming lorsqu’elles se lancent dans des projets à très gros budget. L’ère où Netflix pouvait attirer les foules uniquement grâce à des investissements massifs semble révolue. Aujourd’hui, la réussite d’un film repose non seulement sur ses moyens financiers, mais aussi sur la qualité de son écriture et la pertinence de sa direction artistique.
L’échec critique de The Electric State soulève des interrogations sur l’orientation future des productions Netflix et des plateformes concurrentes. Peut-on encore justifier des budgets astronomiques sans une véritable proposition artistique derrière ? Le public attend désormais bien plus qu’un casting prestigieux et des effets spéciaux impressionnants. Ce qu’il recherche, c’est une histoire forte, des personnages mémorables et une mise en scène qui donne du sens à l’ensemble.
Ce film reste néanmoins une tentative audacieuse de repousser les limites de la science-fiction cinématographique sur le format streaming. Il marque une étape dans l’expérimentation des grands studios à l’ère du numérique et pourrait bien influencer les décisions futures en matière de productions originales. L’industrie du divertissement en ligne se trouve à un tournant où la rentabilité ne suffit plus, et où la créativité et la maîtrise narrative sont désormais des exigences incontournables.
The Electric State devait être une démonstration de force de la part de Netflix, un film capable de rivaliser avec les productions hollywoodiennes traditionnelles. Cependant, son accueil mitigé rappelle que le cinéma, même dans sa forme la plus spectaculaire, ne peut se contenter d’une façade visuelle éclatante sans un fond narratif solide. Le véritable enjeu des prochaines années pour les plateformes de streaming sera donc de trouver l’équilibre entre ambition et contenu, entre gigantisme et authenticité.